en mis ojos

.

Buenos Aires a los veinticinco días de agosto del 2023


La primera mañana de mi vida
la avispa vino a mi boca.
Entonces sentí las pieles
retorcerse en mi estómago.
Sentí mi rostro
establecerse en mis ojos
pegarse a mi lengua,
aferrarse a mis dientes.
Sentí los cabellos
amarrarse a mi cráneo;
entonces cubrí y recubrí la forma
de mí misma.
Entonces
sentí los arbustos en mi vientre
zorros en mis pechos,
pulpos en mi cuello
ortigas y gravilla.
Sentí el volcán.
Sentí entonces
las espinas y las zarzas.
Sentí el bosque.
Las praderas de mi vientre.
Entonces me senté
y la noche vino sobre mí
y me cayó de frente
y me rompió los ojos.
Entonces me acosté
y la noche no quiso decir nada.




Le premier matin de ma vie,
la guêpe est venue dans ma bouche.
Alors,
j’ai senti les peaux
se tordre sur mon ventre.
J’ai senti ma figure
se fixer à mes yeux,
se coller à ma langue,
s’accrocher à mes dents.
Alors,
j’ai senti les cheveux
s’attacher sur mon crâne,
j’ai couvert, recouvert, la forma
de moi-même.
Alors,
j’ai senti les buissons
dans mon ventre,
les renards dans mes seins,
les pieuvres dans mon cou,
les orties,
les graviers.
J’ai senti le volcan.
Alors,
j’ai senti les épines
et les ronces.
J’ai senti la forêt.
Les prairies de mon ventre.
Alors,
je me suis assise
et la nuit est venue sur moi.
Et la nuit m’est venue de face.
Et la nuit m’a cassé les yeux.
Alors,
je me suis couchée
et la nuit n’a rien voulu dire.

 

Laura Vazquez 



 .  Laura Vazquez . Perpignan . Francia . 1986
    Versión . Audomaro Hidalgo


 

 

 .